Pourquoi offrir une séance d’hypnose à quelqu’un n’est pas toujours une bonne idée

L’hypnothérapie est une approche thérapeutique de plus en plus reconnue pour son efficacité dans la gestion du stress, des troubles anxieux, des phobies, ou encore pour retrouver l’équilibre émotionnel. Cependant, une question revient souvent : peut-on offrir une séance d’hypnose à un proche, comme on offrirait un massage ou un bon pour un restaurant ? La réponse est nuancée, mais dans la majorité des cas, cette initiative, bien qu’elle parte d’une bonne intention, peut se révéler inefficace, voire contre-productive. Voici pourquoi.

Un travail thérapeutique est avant tout un travail personnel

L’hypnothérapie repose sur un principe fondamental : le changement ne peut survenir que si la personne est elle-même motivée et engagée dans le processus. Contrairement à un cadeau matériel, une séance d’hypnose ne peut être imposée ou suggérée par un tiers, aussi bienveillant soit-il. Prenons l’exemple d’un parent qui amène son enfant en séance pour qu’il « s’entende mieux avec son frère ou sa sœur ». Même si l’intention est louable, l’enfant n’a peut-être ni la maturité ni l’envie de travailler sur cette problématique. Sans adhésion personnelle, les résultats seront limités, voire inexistants.

En psychothérapie comme en hypnothérapie, la clé du succès réside dans la motivation intrinsèque. Une personne doit ressentir le besoin de changer, comprendre l’intérêt de la démarche, et être prête à s’investir. Si la demande vient de l’extérieur — d’un parent, d’un conjoint, d’un ami —, le thérapeute se retrouve face à un défi : travailler avec quelqu’un qui n’a pas formulé lui-même la demande. Cela peut créer une résistance, consciente ou inconsciente, et rendre le travail thérapeutique difficile, voire impossible.

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et l’hypnothérapie partagent ce point commun : elles nécessitent une implication active du patient. Sans cette implication, les outils proposés, aussi puissants soient-ils, ne pourront pas produire les effets escomptés. Un thérapeute compétent saura d’ailleurs détecter cette absence de motivation et pourra, dans certains cas, refuser de prendre en charge la personne, par éthique professionnelle.

Le risque de la pression externe

Offrir une séance d’hypnose peut, malgré soi, exercer une pression sur la personne concernée. Celle-ci peut se sentir obligée d’accepter le « cadeau », par peur de décevoir ou par sentiment de dette. Or, une séance d’hypnose réalisée sous contrainte ou par obligation a peu de chances d’aboutir à un résultat positif. Pire, elle peut renforcer un sentiment d’impuissance ou de résistance : « On me dit que je dois changer, mais je ne ressens pas le besoin de le faire. »

Dans le cas des enfants ou des adolescents, cette pression peut être encore plus problématique. Un enfant amené de force en séance peut associer l’hypnose à une punition ou à une obligation, ce qui est aux antipodes de l’esprit dans lequel cette pratique devrait être abordée. L’hypnose est un outil de libération et de découverte de soi, pas une méthode pour « réparer » quelqu’un selon les attentes d’un tiers.

Il en va de même pour les adultes. Imaginons qu’un conjoint offre une séance à son partenaire pour qu’il arrête de fumer. Même si l’intention est bonne, si la personne ne se sent pas prête ou concernée, la séance sera vécue comme une intrusion dans son espace personnel. Le coaching et la psychothérapie fonctionnent mieux lorsque la demande émane de la personne elle-même, après une réflexion personnelle.

J’ai même déjà été confronté au cas d’un homme de 45 ans qui venait faire la séance de sevrage tabagique sans aucune intention qu’elle ne fonctionne, mais dans l’objectif unique de pouvoir dire à sa femme qu’il avait essayé tout ce qu’elle lui avait demandé et que rien n’avait fonctionné, même pas l’hypnose, donc qu’elle pouvait le laisser tranquille maintenant.
Inutile de dire qu’avec cet état d’esprit, la personne est repartie exactement avec ce qu’elle voulait : continuer à fumer.

Que faire à la place ?

Si vous souhaitez aider un proche à bénéficier de l’hypnothérapie, la meilleure approche reste la suggestion discrète et le respect de son rythme. Voici quelques pistes :

  • Parlez-en avec bienveillance : Évoquez les bénéfices de l’hypnothérapie sans forcer la décision. Par exemple : « J’ai entendu parler de l’hypnose pour gérer le stress, ça pourrait peut-être t’intéresser ? »
  • Partagez des témoignages ou des articles : Montrez-lui des retours d’expérience ou des ressources sur le sujet, comme cet article surl’hypnothérapie pour retrouver l’équilibre émotionnel.
  • Proposez de l’accompagner : Si la personne est hésitante, proposez de l’accompagner à une séance découverte, sans obligation.
  • Respectez son choix : Si votre proche n’est pas intéressé, acceptez-le. Forcer les choses ne ferait qu’aggraver la situation.
  • Lui offrir un livre sur l’arrêt du tabac qu’il pourra lire s’il le souhaite.

En agissant ainsi, vous lui laissez la liberté de s’approprier l’idée et de prendre sa propre décision, ce qui est essentiel pour que la démarche soit efficace.

Offrir en cadeau une séance d'hypnose

Les exceptions possibles

Il existe cependant des cas où offrir une séance d’hypnose peut être pertinent. Par exemple, si la personne a déjà exprimé un intérêt pour cette approche mais n’a pas encore franchi le pas par manque de temps ou d’opportunité. Dans ce cas, prendre RDV pour lui, sans lui offrir la séance peut être un déclencheur, à condition qu’il soit perçu comme une opportunité et non comme une injonction.
Bien entendu, le cas des enfants mineurs est à part. La prise de RDV et le paiement peut bien évidemment être réalisé par un parent ou tuteur légal. Il est important de noter cependant que l’on ne peut pas travailler sur l’enfant, comme on façonnerait un objet, pour le rendre conforme aux souhaits des parents, aussi légitimes soient ils.
Le travail d’hypnothérapie est un travail en équipe qui demande de la coopération.

Le rôle du thérapeute

Un hypnothérapeute professionnel saura évaluer la motivation de la personne dès le premier contact. S’il perçoit une absence d’engagement, il pourra soit refuser la prise en charge, soit proposer une séance d’information pour clarifier les attentes. Son rôle n’est pas de « convaincre » le patient, mais de l’accompagner dans sa démarche si celle-ci est authentique.

En cabinet, nous rencontrons régulièrement des patients envoyés par leur entourage. Notre premier travail consiste à évaluer leur niveau de motivation et à leur expliquer que le succès de la thérapie dépend avant tout d’eux. Si la personne n’est pas prête, nous l’orientons vers des ressources ou lui suggérons de revenir plus tard, quand elle se sentira concernée.

En résumé

Offrir une séance d’hypnose n’est pas une mauvaise idée en soi, mais cela doit être fait avec précaution et respect. Voici les points clés à retenir :

  • L’hypnothérapie exige un engagement personnel.
  • Une séance offerte peut être perçue comme une pression.
  • Elle enlève à la personne l’engagement psychologique qu’elle aurait pu mettre dans la séance, la rendant passive.
  • Mieux vaut suggérer qu’imposer.
  • Le thérapeute évaluera toujours la motivation du patient.

Si vous souhaitez vraiment aider un proche, la meilleure approche reste de l’informer, de l’écouter, et de lui laisser le choix. Le changement durable ne s’impose pas, il se choisit.

Présentation de Florence Massin et David Buffault

Florence Massin et David Buffault sont hypnothérapeutes à Enghien-les-Bains depuis 2008.

Dans leur cabinet à l’ambiance apaisante situé dans le Val-d’Oise, ils accueillent chaque personne avec une attention sincère et une écoute bienveillante. Leur parcours riche en expériences et en formations, notamment en hypnose Ericksonienne, hypnose humaniste, bioénergie, PNL et autres approches complémentaires, leur permet d’adapter leur accompagnement aux besoins spécifiques de chacun. Ils interviennent dans de nombreux domaines, tels que la gestion des émotions, le développement personnel, les difficultés relationnelles, et bien d’autres enjeux du quotidien.