L’hypnose : une solution thérapeutique polyvalente
Les applications de l’hypnose se multiplient : gestion de la douleur, réduction du stress, diminution de la consommation de médicaments et de substances addictives… Cette méthode, souvent utilisée en complément d’autres thérapies, s’avère efficace pour de nombreux patients.
Un aperçu de l’hypnose
Sophie fume depuis 20 ans. Elle a tenté d’arrêter à plusieurs reprises, sans succès. Chaque tentative la rendait irritable et stressée. Une amie lui a suggéré d’essayer l’hypnose. Bien que sceptique, Sophie a décidé de tenter l’expérience, malgré ses craintes de perdre le contrôle de son esprit.
Contrairement aux idées reçues, l’hypnose ne signifie pas une perte de conscience. L’état hypnotique modifie notre état cérébral, mais nous pouvons en « sortir » à tout moment. Aujourd’hui, l’hypnose trouve de nombreuses applications médicales et chirurgicales, soutenues par une littérature scientifique croissante. Plus de 13 000 références sont répertoriées sur les bases de données Medline et PubMed.
Une méthode complémentaire efficace
À une époque où les systèmes de santé sont sous pression et où les médicaments sont de moins en moins remboursés, l’hypnose apparaît comme une méthode intéressante. Elle a ses limites, mais utilisée en association avec d’autres thérapies, elle en améliore souvent les résultats. Elle peut réduire la consommation de certains médicaments ou de substances addictives.
En neuropsychiatrie, malgré le rôle historique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans l’histoire de l’hypnose, les études françaises sont peu nombreuses. Il a fallu attendre 1998 pour que la consultation d’hypnose soit relancée dans le service de psychiatrie de cet hôpital. Progressivement, le champ d’application de la méthode s’est élargi. Des études cliniques réalisées à l’étranger ont montré l’utilité de l’hypnose dans les dépressions réactionnelles (après un deuil, par exemple) ou l’anxiété.
L’hypnose est également efficace en cas de phobies. Par exemple, un enfant de 5 ans présentant une phobie extrême des piqûres a surmonté sa peur grâce à l’hypnose, évitant ainsi des anesthésies répétées. Autre exemple : la claustrophobie. Depuis 2010, une technique d’hypnose rapide est utilisée pour prendre en charge les patients claustrophobes devant passer une IRM. Cette méthode a permis à 92 % des sujets de passer normalement leur examen.
L’hypnose constitue également un traitement de choix pour les migraines de l’enfant et de l’adulte. Après quelques séances d’entraînement, les enfants sont capables de pratiquer l’hypnose seuls. Une étude datant de 2007 a montré que les enfants traités voyaient la fréquence des crises divisée par quatre, leur intensité par deux et leur durée par six.
L’hypnose pour retrouver l’équilibre émotionnel
L’hypnose traite aussi certaines formes d’épilepsie. Environ un quart des enfants qui consultent pour des crises d’épilepsie présentent en fait des « pseudocrises ». Un traitement antiépileptique est dans ce cas inefficace et inadapté. L’hypnose peut faire disparaître les mouvements anormaux des pseudocrises, alors qu’elle n’a aucun effet en cas de crises d’épilepsie avérées.
La technique soulage aussi certains symptômes d’autres maladies neurologiques, telles la sclérose en plaques et des lésions médullaires. Une publication récente montre l’intérêt de l’hypnose chez les patients atteints de sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot. L’hypnose améliore le confort en fin de vie de ces patients.
Gestion de la douleur
S’il est un domaine où cette thérapie complémentaire a une efficacité avérée, c’est contre la douleur. Les études réalisées en imagerie cérébrale ont montré que l’hypnose réduit l’activité des principales régions de la douleur. Quand on suggère une analgésie aux patients hypnotisés, ils souffrent moins !
Certaines douleurs sont fréquentes et parfois difficiles à soulager, surtout quand elles deviennent chroniques. C’est le cas des douleurs rhumatologiques. Pourtant, les rhumatologues ne se forment à cette technique que depuis une dizaine d’années.
L’équipe du Néerlandais Huub Haanen a établi, en 1991, le bien-fondé de l’utilisation de l’hypnose dans la fibromyalgie (des douleurs musculaires chroniques). Les sujets concernés pratiquant la méthode diminuaient de 40 à 60 % leur consommation d’antalgiques. Notre expérience clinique a aussi montré l’efficacité de l’hypnose dans les maladies inflammatoires chroniques de l’appareil locomoteur, telles que la polyarthrite ou la spondylarthrite ankylosante.
L’hypnose atténue aussi les douleurs aiguës. Le changement des pansements des grands brûlés est particulièrement douloureux. Les plus fortes doses de morphine ne parviennent pas à soulager ces patients. L’appréhension, le stress et les phénomènes d’anticipation de la douleur, surtout chez le patient, mais aussi chez les soignants, sont extrêmement importants. C’est pourquoi la technique permet de réaliser les soins aux grands brûlés dans de meilleures conditions.
Il est même possible de coupler cette thérapie à la réalité virtuelle. C’est ce que propose David Patterson, médecin à l’hôpital de Seattle. Pendant les soins et en plus de l’hypnose, il projette au patient un petit film à l’aide de lunettes qui permettent d’avoir accès à la réalité virtuelle. Pendant que le personnel médical refait ses pansements, le sujet s’adonne à une promenade virtuelle dans un univers de fraîcheur, peuplé d’icebergs et de bonshommes de neige, et la douleur est bien mieux tolérée.

Applications en cancérologie et soins palliatifs
Efficace contre l’anxiété et la douleur, l’hypnose a été introduite dans les blocs opératoires, en salle de réveil et dans les services de réanimation. Les médecins anesthésistes réanimateurs utilisent « l’hypnoanalgésie » seule, lors d’interventions légères (chirurgie de la thyroïde ou du sein), ou bien en complément des médicaments anesthésiants. Cela permet de limiter la consommation d’antalgiques et réduit par conséquent les complications postopératoires, ainsi que les nausées et vomissements dus à l’intubation. Par ailleurs, le confort de l’opéré est meilleur, la durée d’hospitalisation réduite, le coût global de l’intervention diminué. Même les équipes soignantes de ces services déclarent qu’elles travaillent mieux dans ces conditions.
Poursuivons ce tour d’horizon des indications de l’hypnose en abordant le domaine de la cancérologie et de la fin de vie. Guy Montgomery, de l’université d’Oxford, a conduit une étude sur 400 femmes devant subir une mammectomie pour tumeur du sein. Il a montré que les femmes qui avaient reçu une séance d’hypnose avant l’opération ressentaient une augmentation de leur confort physique et psychologique, et que les suites opératoires étaient meilleures que pour les femmes n’ayant pas bénéficié de la technique. Par rapport à un groupe témoin, les scores d’anxiété, de confort ainsi que la douleur et les nausées étaient améliorés de plus de 50 %.
En oncologie se pose aussi la question des soins palliatifs, c’est-à-dire de confort et d’accompagnement. L’hypnose y a trouvé sa place depuis une vingtaine d’années. Auprès des patients, nous prenons garde de ne pas parler de douleur ou de souffrance, mais d’inconfort, le choix des mots étant essentiel. Il est indispensable d’opérer un glissement de langage qui permet d’orienter vers le confort et d’oublier le registre sémantique qui potentialise la douleur. En discutant avec les malades, les soignants savent employer les mots, métaphores et expressions qui activent le processus hypnotique, en évitant les mots qui l’inhibent. L’emploi de ce langage, ou hypnose conversationnelle, est aussi devenu un outil de communication essentiel lors de l’annonce d’un diagnostic grave.
Autres douleurs atténuées : celles liées au syndrome du côlon irritable, un trouble douloureux des intestins dont les causes sont souvent inexpliquées. Les résultats obtenus sur des patients atteints de ce syndrome sont meilleurs que ceux constatés chez les sujets traités par les meilleurs médicaments. Lars Aabakken, à l’université d’Oslo, a montré en 2007 que la douleur disparaît chez 81 % des enfants qui présentent des douleurs coliques et pratiquent l’hypnose, alors que la proportion ne dépasse pas 25 % chez ceux qui prennent des médicaments. L’intérêt de la technique dans d’autres troubles gastro-intestinaux est en cours d’évaluation.
Renforcez votre estime de soi grâce à l’hypnothérapie
L’hypnose soulage divers troubles psychiques, par exemple le stress. À l’approche des examens, l’étudiant ne peut s’empêcher de stresser. Nous avons mis en place, pour les étudiants de la faculté de médecine, un programme où nous leur apprenons à pratiquer l’hypnose ; ainsi, ils diminuent leur anxiété et réussissent mieux leurs examens.
Dans ce domaine, les sportifs sont nombreux à utiliser l’hypnose pour gérer le stress, augmenter la motivation, améliorer le geste technique. Durant les 30 dernières années, 4 000 médecins généralistes, en France, ont appris la technique hypnotique. Cela a modifié leur manière de communiquer avec les patients, en particulier dans le domaine des névroses anxieuses.
Certains stress, tels que ceux de l’étudiant et du sportif, ont des aspects positifs et stimulants, d’autres au contraire empêchent de profiter pleinement d’un moment heureux (l’accouchement) ou transforment une situation anodine en cauchemar (une visite chez le dentiste). En 1889, un jeune médecin espagnol, Santiago Ramon y Cajal, rapporte un cas d’accouchement sans aucune douleur sous hypnose. Cette publication est passée inaperçue, mais l’accouchée n’était autre que sa femme. Ramon y Cajal connaîtra ensuite une reconnaissance internationale pour ses travaux sur le cerveau et recevra le prix Nobel de médecine en 1904 pour avoir découvert les neurones.
En Russie, dans les années 1930, les élèves des chercheurs russes Ivan Pavlov et Vladimir Bekhterev élaboreront une méthode d’accouchement sans douleur reposant sur l’hypnose. Cette technique sera introduite en France en 1954 par Fernand Lamaze, médecin parisien, puis elle se développera aux États-Unis sous le nom de méthode Lamaze. Aujourd’hui, l’hypnose est une méthode de préparation à l’accouchement intéressante qui permet aux femmes enceintes de mieux contrôler les phobies et craintes liées à la naissance. Elle permet aussi de réaliser la péridurale dans les meilleures conditions et de diminuer la quantité de médicaments analgésiques utilisés. En outre, la technique est efficace contre les vomissements qui accompagnent parfois le début d’une grossesse. Toutefois, elle ne semble pas modifier la durée du travail, ni le nombre de césariennes pratiquées.
En 2006, Eliahu Levitas, gynécologue de l’hôpital de Beer Sheva en Israël, a même montré que l’utilisation de l’hypnose lors du transfert d’embryons fécondés in vitro améliore la proportion de naissances, sans doute car les contractions utérines déclenchées par la réimplantation sont moins nombreuses.
Applications en dentisterie
Qu’en est-il de la « peur du dentiste » ? Le cabinet dentaire déclenche d’importantes craintes… Dans une étude publiée en 2010, Edward Mackay, de l’université de Pennsylvanie, a utilisé l’hypnose diffusée à l’aide d’un casque chez des personnes devant subir une extraction des dents de sagesse. Le groupe contrôle écoutait de la musique. Dans le groupe ayant bénéficié de la thérapie complémentaire, il a constaté qu’il avait utilisé moins de substance anesthésiante, que les douleurs postopératoires avaient été moins intenses et que les sujets avaient consommé moins d’antalgiques après l’intervention.
De surcroît, l’hypnose a toute sa place chez le dentiste pour prendre en charge les phobies des soins dentaires, ou stomatophobies, et réaliser les soins et les extractions dans les meilleures conditions. Aujourd’hui, de plus en plus de chirurgiens-dentistes formés à l’hypnose ont ajouté cette technique à l’arsenal thérapeutique utilisé en odontologie.
Applications en dermatologie
Les dermatologues ont commencé à utiliser l’hypnose dans les années 1950, à la fois en Russie et en Grande-Bretagne. Certaines maladies dermatologiques se compliquent de troubles psychologiques et, à l’inverse, les maladies psychiatriques s’accompagnent parfois de maladies de la peau. Or les malades atteints de ces affections sont particulièrement sensibles aux suggestions. L’hypnose permet, par exemple, d’améliorer, voire de guérir, les formes récidivantes de verrues cutanées disséminées.
Ria Willemsen et Johan Vanderlinden, dermatologues de l’hôpital de Bruxelles, ont pris en charge les alopécies auto-immunes de 21 patients ayant perdu leurs cheveux, cils et sourcils, et qui étaient insensibles aux traitements disponibles. Avec l’hypnose, ils ont obtenu une repousse des cheveux dans 12 cas (57 %) et une diminution des troubles psychiques (dépression, anxiété, stress) chez tous ces patients. La technique permet aussi d’améliorer les dermatites atopiques (eczémas) de l’adulte et de l’enfant. En 2003, les équipes de John Gruzelier, en Grande-Bretagne, et d’Homa Zadeh, aux États-Unis, ont aussi montré que l’hypnose stimule les défenses immunitaires.
Une thérapie complémentaire prometteuse
Cette thérapie complémentaire a-t-elle des limites ? En tant que médecins, nous sommes confrontés à une situation inédite : d’une part, cette méthode ancienne, longtemps restée confidentielle, voire décriée, ne bénéficie pas d’essais cliniques contrôlés de grande ampleur ; d’autre part, on ne comprend pas comment elle agit. Pourtant, de nombreux articles scientifiques confirment l’intérêt que les cliniciens ont déjà constaté de longue date. De surcroît, elle est peu coûteuse et bien tolérée.
Elle devrait être progressivement de plus en plus utilisée dans les domaines que nous avons évoqués, et bien d’autres encore. C’est le cas notamment pour lutter contre les addictions. De récentes publications ont ainsi montré que l’hypnose est plus efficace que les substituts nicotiniques pour arrêter de fumer.
Sophie a donc tout intérêt à essayer la méthode, qui ne risque pas de lui chambouler les idées… Et il y a de grandes chances qu’elle diminue, voire perde, sa dépendance.
Présentation de Florence Massin et David Buffault
Florence Massin et David Buffault sont hypnothérapeutes à Enghien-les-Bains depuis 2008.
Dans leur cabinet à l’ambiance apaisante situé dans le Val-d’Oise, ils accueillent chaque personne avec une attention sincère et une écoute bienveillante. Leur parcours riche en expériences et en formations, notamment en hypnose Ericksonienne, hypnose humaniste, bioénergie, PNL et autres approches complémentaires, leur permet d’adapter leur accompagnement aux besoins spécifiques de chacun. Ils interviennent dans de nombreux domaines, tels que la gestion des émotions, le développement personnel, les difficultés relationnelles, et bien d’autres enjeux du quotidien.